
Retrouver la terre, retrouver le lien
Arrivée au Secours Catholique d’Armentières pour apprendre le français, Kamelia, mère de famille d’origine algérienne, a découvert bien plus qu’une langue : un lien profond avec la nature, et le courage de cultiver son propre lopin de terre. Un projet personnel devenu source de fierté, d’ancrage et de partage.
Kamelia, que retiens-tu de la sortie à la ferme organisée par le Secours Catholique ?
C’était une très belle journée, bien organisée. Le lieu m’a tout de suite plu. Ce qui m’a vraiment marquée, c’est la rencontre avec les agriculteurs. Leur manière de partager leur savoir et leur passion m’a profondément touchée.
As-tu appris des choses nouvelles lors de cette visite ?
Oui, beaucoup. Notamment sur les techniques de culture en serre et en plein champ. Cela a renforcé mon envie de cultiver, de nourrir ma famille et de garder ce lien avec la nature.
Ce n’était donc pas ta première expérience avec la terre ?
Pas du tout. Mon père était agriculteur. Petite, je l’accompagnais souvent à la ferme. C’est un savoir que j’ai toujours gardé en moi, et que je veux aujourd’hui transmettre.
Qu’est-ce qui t’a motivée à louer une parcelle ?
L’envie de cultiver mes propres légumes bio, de retrouver le goût du travail de la terre. Et aussi le plaisir de partager cela avec mes enfants, mes amis, mes voisines.
Comment as-tu trouvé cette opportunité ?
Je suis allée me renseigner à la mairie. Au début, il n’y avait pas de parcelle disponible, mais le responsable du jardin ouvrier m’a recontactée plus tard pour m’en proposer une. J’ai patienté, et ça a payé.
Est-ce un projet que tu portes seule ?
C’est un projet personnel, mais je ne suis pas seule. Mes enfants participent, et mes voisines s’y intéressent beaucoup. Il y a une belle dynamique qui commence à se créer autour de cette petite parcelle.
Qu’as-tu ressenti en posant les mains sur ta propre terre ?
Une grande fierté. C’est comme retrouver un peu de mon enfance. C’est aussi une forme d’autonomie, de confiance retrouvée.
Que souhaites-tu cultiver ?
Des tomates de différentes variétés, des pommes de terre, des épinards, de la menthe, des fraises, du melon jaune… et même des pastèques avec des graines que j’ai rapportées d’Algérie ! J’ai aussi l’espoir d’avoir des cerises un jour.
As-tu déjà de l’expérience en jardinage ?
Oui, j’étais professeure de sciences de la vie et de la terre en Algérie. J’ai des bases solides, mais je sais qu’on apprend toujours plus en pratiquant.
Souhaites-tu adopter une culture biologique ?
Oui, c’est important pour moi. Je veux respecter la terre, cultiver naturellement, sans produits chimiques.
As-tu besoin d’aide pour débuter ?
Oui, un peu de matériel et surtout des conseils de personnes expérimentées seraient les bienvenus.
Que représente ce projet pour toi, au-delà du jardinage ?
C’est un retour à l’essentiel. Une manière de me ressourcer moralement. C’est une activité qui me fait du bien, qui m’ancre.
Penses-tu que cela peut créer du lien dans le quartier ?
Absolument. Ce genre d’initiative rapproche les gens. On se croise, on s’échange des astuces, on partage des récoltes. Il y a de la solidarité qui naît naturellement.
As-tu envie de faire connaître cette démarche autour de toi ?
Oui, je l’ai déjà fait ! Des personnes m’ont demandé comment obtenir une parcelle. Ça fait plaisir de transmettre cette envie.
Et pour finir, que dirais-tu à quelqu’un qui hésite à se lancer ?
Je lui dirais de ne pas hésiter. C’est une aventure belle et enrichissante, pour soi, pour les autres, et pour la planète.
Le parcours de Kamelia illustre avec force comment une initiative personnelle peut devenir une source d’épanouissement, de lien social et de transmission. Grâce au soutien du Secours Catholique et à sa propre détermination, elle cultive bien plus que des légumes : elle sème l’espoir, la fierté et le vivre-ensemble.
"Travailler la terre, c’est retrouver ses racines, mais aussi tisser de nouveaux liens. C’est un chemin humble et joyeux vers plus d’autonomie et de partage." – Kamelia